Ma sleeve

me voilà réveillé. je n'ai pas la tête à penser, je cherche juste à faire le tour de mes sensations. où ai je mal ? puis je bouger ? en remuant la jambe, le bras, quelle est ma douleur ? je me doutais que ça serait douloureux, mais je suis surpris, c'est très supportable. et puis je me mets à imaginer cette vie qui va être la mienne, je ne peux qu'imaginer, je ne sais pas trop. je visualise ce nouvel estomac, petit, réduit, coupé, traumatisé. je n'arrive pas à me projeter dans cette nouvelle vie mais je n'ai pas trop mal alors je verrai bien. dans cette chambre impersonnelle et aseptisé je dors. je réfléchirai plus tard. les heures passent. je reprends pied dans ma vie, mon corps me revient la douleur se réveille un peu. mais c'est supportable. 1ère nuit, agitée, trop de branchements désagréables, oxygène, bottes gonflables et gonflantes, perfusion... tout ça est pénible des douleurs arrivent, l'abdomen, autour des cicatrices, mais surtout, les épaules, le sternum.... ça fait mal, ça empêche de respirer, de dormir,de penser. mais de quoi s'agit il ? je me recroqueville comme une chenille, ça me calme, un peu, temporairement. je tente de me tourner, ça fait mal. et puis on m'explique que ça va durer 2 jours, de moins en moins, mais que c'est normal et qu'il n'y à rien à faire. la durée le rassure, la douleur me détruit. je vois passer des infirmières, des médecins, un kiné, une diététicienne, je n'écoute rien, je ne réponds pas, je renvoie tous ces gens à de meilleures heures. je ne sais pas si cela va mieux, je j'espère, je ne crois pas. en fait si, la douleur est moins forte, les spasmes moins violents. on est 2 jours après la transformation. on est à J+2 de la nouvelle existence. la douleur passe et toutes ces non pensées sont chacune remplie par des questions sur cet avenir. qui vais je devenir ? serais je à nouveau normal ? comment sera ma vie ? pourrais je encore appeler ca une vie ?

Me voilà enfin opéré. Le cheminement aura été un peu long mais je suis très motivé. J'ai passé 42 à prendre du poids alors attendre 6 mois pour inverser la tendance, ce n'est que relatif. J'ai quand même honte de devoir recourir à la médecine pour palier un problème de motivation et d éducation alimentaire. Je suis tellement faible devant l'assiette que la consigne de ne pas maigrir avant l'opération pour me garantir la prise en charge sécurité sociale à donner lieu à un blanc seing de prise de poids et j'ai rajouté presque 10kg à mon poids de forme en 6 mois. Bref, j'ai quand même honte de cette faiblesse mentale de ne pas être arrivé à me réguler sans chirurgie J'ai tellement honte que j'ai préféré dire à mes proches que j'allais me faire opérer pour des soucis gastriques, des trucs et des machins, mais je suis le seul dupe, les autres ont bien compris et on fait semblant de me croire. Me voilà donc face à moi même, après une semaine de repas constitués exclusivement de fromage blanc Je n ai pas craqué, je n'ai mangé que ça. Pas facile cette étape mais je suis très motivé et je n'ai pas souffert. J'ai même remarqué que j'allais bien, pas de coup de barre de la digestion, plus d'acidité d'estomac, un état presque agréable sauf La texture qui au bout d'un moment est insupportable. Et puis l'hospitalisation, l'intervention, la convalescence à l'hôpital.